Introduction

Cette actualité qui n’en est pas une, est la première d’une série destinée à comprendre notre inconscient.
Si l’inconscient est à l’hypnotiseur ce que la carte est à l’explorateur, alors je pense qu’il est important de repousser les limites de la « Terra incognita ».
Lorsque je suis devenu "hypnonaute" et que quelques temps plus tard je m’installais, un bon ami à moi, médecin ayant laissé la réanimation pédiatrique de coté pour ouvrir son cabinet d’hypnose sur paris, m’a dit cette chose qui m’a étonné: "Tu vas pouvoir te créer tes propres croyances… ".Je n’ai pas trop compris ce message, je sortais de l’école d’hypnose dans laquelle une carte de l’inconscient m’avait déjà été donnée, alors pourquoi diable la remettre en question ?
Après plusieurs années d’exercice, je me rends compte ô combien ce qu’il m’a dit à l’époque était exact. Ma curiosité et ma pratique m’ont permis progressivement de faire mes propres découvertes, de modifier et de repousser les limites de ma propre carte « Terra incognita », d’en dessiner les contours, et c’est bien là qu’est le problème. Ma carte dépend donc de mon expérience. Elle est donc dépendante de la typologie de clients qui viennent me voir ainsi que de ma capacité d’analyse et de questionnement, de ma soif de connaissance, et du temps libre qu’il me reste pour me documenter sur le sujet. Elle est donc empirique, et même si j’y insère des points d’interrogations, des doutes, c’est en partie cette carte subjective qui me permet de prendre le large tous les jours dans ma pratique.
Dans cette aventure humaine de découverte de nos propres fonctionnements, il est à noté que depuis le « jour » des temps, l’exploration de l’inconscient et de la conscience (car cela va de pair) s’est faite en partie grâce à des philosophes, des penseurs, des poètes, quelques savants ou religieux…..
Il faut attendre le 19° et surtout l’avènement de la psychanalyse pour trouver des cartes moins mystiques mais non moins empiriques. Il suffit pour cela de comparer les cartes de Freud et de Jung pour comprendre les profonds désaccords sur le sujet.
Depuis longtemps, la définition de cette carte a donc été définie de façon totalement empirique, laissant sa conception à des penseurs, à des croyants (je devrais dire des dé-croyants car ils ont dû pour la plupart, sortir de croyances acceptées) plus ou moins connectés, le seul pré requis à son élaboration étant la capacité de son créateur à vouloir et à savoir communiquer sur le sujet, porte ouverte à moultes phantasmes sur le fonctionnement de l’inconscient et en l’absence de science officielle, à des spéculations et des cocktails de croyances ésotériques pouvant déboucher sur des excès de confiances voire des abus.
J’ai donc mes croyances sur le sujet, et de plus via l’hypnose, j’explore, je pars à la découverte de ce monde vaste et fascinant, et comme tous les aéronautes, astronautes, ou l’internautes, je serai donc un navigateur de l’inconscient…..un « Hypnonaute », et tous mes clients le seront également. Pour naviguer, aucun équipement spécial n’est requis, aucune capacité particulière si ce n’est d’avoir un imaginaire…c'est-à-dire être capable d’être absorbé par un film, un livre ou tout autre situation qui fait appel à notre capacité à rêver, à partir….. à ne plus être là.    
Si depuis peu, les scientifiques (via les neurosciences) se mettent à naviguer dans cet espace inconscient pour en définir des limites acceptables par tous, je tiens à rendre hommage via cette actualité de l’hypnose en Essonne, à tous ces théoriciens et observateurs de la vie, qui depuis l’antiquité ont permis de conceptualiser ce vaste monde. Ils sont de part leurs observations, remises en question et déductions, les précurseurs…. les premiers « croyants ».
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Les premiers croyants !

Tels les vikings qui croyaient dure comme fer qu’il existait une terre à l’ouest sans s’y être jamais rendus, les premiers croyants n’ont pas voyagé, mais leur intuition depuis fort longtemps, les a poussé à imaginer qu’il existait autre chose de plus grand au-delà de leur pensée.

Platon (427 av.J.-C. - 347 av.J.-C.)

Comment commencer cette liste sans évoquer le maitre Platon que j’utilise tellement en séances d’hypnose pour parler de la réalité subjective et du monde des idées. Une entrée en matière pour relativiser la réalité d’une problématique….observer cette dernière sous un autre angle. Pour Platon l’âme est immortelle, hors de son incarnation, elle a déjà contemplé le monde des idées à des niveaux plus ou moins élevés. C’est la naissance et l’incarnation dans un monde en 3 dimensions qui nous permet de percevoir la réalité à travers nos sens cognitifs, et de ce fait,  qui nous éloigne de la vérité/réalité. L’homme doit donc se détacher pour accéder à ce qu’il savait mais ne sait plus, c’est le principe de « réminiscence » (vulgairement : ramener ou souvenir à l’esprit). Si l’esprit sait sans savoir, alors le principe d’inconscient est né…

Denys l'Aréopagite

Officiellement un philosophe Grec converti au premier siècle par Saint Paul, et Officieusement un moine syrien ayant vécu vers l’an 500 ap jc. Peu importe, il reconnait que la vraie connaissance s’acquiert dans la capacité à faire le " vide en soi " pour se rendre réceptif. Il est l’inventeur d’un nouveau terme : " la science la plus parfaite de Dieu est celle qui est sue par l’inscience".

Galien (2° ap jc)

Un des plus grands médecins de son époque. Selon lui, nous tirons nos inférences inconscientes de nos perceptions.

Plotin (3° ap jc)

Fondateur du néoplatonisme, il précise que :  "l’absence de perception consciente ne prouve pas que l’ême soit inactive".

Saint Augustin (4°, 5° ap jc)

Pour lui, le postulat de nos décisions dites libres, sont des forces secrètes indépendantes de notre volonté (consciente).

Saint Thomas d’Aquin (13°)

Ce religieux théologicien de l’ordre dominicain, a souligné de nombreuses fois,que ce qui est en nous est inconscient. Il précise cela :  "je ne peux considérer mon âme en dehors de ses actes. Il y a donc dans l'âme des processus dont nous ne sommes pas immédiatement conscients."

Paracelse (16°)

Médecin, philosophe mais aussi théologien laïque suisse, il a reconnu l’intervention de l’esprit dans la maladie. Jung l’a définit comme un psychologue avant la psychologie et à écrit ceci sur lui : "De toutes les intuitions de Paracelse, celle de "l'Aquaster" est la plus proche de la conception moderne de l'inconscient". Pour Paracelse, l'imagination est un pouvoir créateur qui prime toutes les autres facultés.

Montaigne (16°)

Il est l’un ou le premier à parler d’inconscient (inscience): " L’inscience, ce que je ne sais pas, s’oppose clairement à la conscience, ce qui ne falsifie pas un iota" (en vieux francois : "Aux exemples que je tire céans de ce que j’au leu, ouï, faite ou dict, je me suis déffendu d’oser altérer jusqu’aux plus légères et inutiles circonstances : ma conscience ne falsifie pas d’un iota, mon inscience, je ne sais".). Il touche l’hypnose l’imaginaire et la suggestion en donnant des exemples de la puissance de cette dernière dans la guérison : Par exemple concernant la force de la simulation d’une opération consistant à retirer une épingle dans la gorge d’une femme croyant l’avoir avalée : "Cette femme cuidant l’avoir rendue, se sentit soudain déchargée de sa douleur", ou de la force suggestive d’un regard fascinant : "Un chat fait tomber un oiseau du haut d’un arbre en le "fascinant". Mauvaise suggestion pour l’oiseau "enyvré par sa propre imagination". Voila ce qui aurait pu servir d’exemple à La Fontaine quelques années plus tard , qui aurait ainsi permit au renard de manger le fromage …… et le corbeau, la morale en eut été changée..

Pascal (17°)

"Le cœur a ses raison que la raison ignore", a la différence de Descartes (que j’aurais pu citer car en définissant l’esprit par la conscience, il a par réaction évoqué l’inconscient), Pascal ne considère pas la conscience et la raison comme une fin en soi. Il cite ceci : "Il ne faut pas se méconnaître ; nous sommes automates autant qu'esprit ; et de là vient que l'instrument par lequel la persuasion se fait n'est pas la seule démonstration. Combien il y a-t-il de choses démontrées ! Les preuves ne convainquent que l'esprit. La coutume fait nos preuves les plus fortes et les plus crues ; elle incline l'automate, qui entraîne l'esprit sans qu'il y pense". Il précise "Cette impuissance ne doit donc servir qu'à humilier la raison, qui voudrait juger de tout, mais non pas à combattre notre certitude, comme s'il n'y avait que la raison capable de nous instruire. Plût à Dieu que nous n'en eussions au contraire jamais besoin, et que nous connussions toutes choses par instinct et par sentiment ! Mais la nature nous a refusé ce bien ; elle ne nous a au contraire donné que très peu de connaissances de cette sorte ; toutes les autres ne peuvent être acquises que par raisonnement."cqfd

Baruch Spinoza (17°)

Philosophe néerlandais qui a souligné l’importance de parties inconscientes à l’origine de l’élaboration de la personnalité consciente : "Les hommes se croient libres parce qu'ils ont conscience de leurs volitions et de leur appétit, et qu'ils ne pensent pas, même en rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir parce qu'ils les ignorent".

Le siècle des lumières étant tellement riche et dense que je me dois d’évoquer les penseurs, mathématiciens, poètes et autres philosophes comme "Leibniz", "Giambattista Vico", "Rousseau", "Johann Georg Hamann", "David Hume", "Georges Christoph  Lichtenberg", "Johann Gottlieb Fichte". Ils ont tous évoqué de pré ou de loin l’inconscient.

Franz Anton Mesmer (18°)

Ce médecin allemand qui a inspiré le nom à notre Mesmer québécois contemporain, a mis en évidence grâce à l’hypnose (qu’il définissait comme le "magnétisme animal"),  que la conscience pouvait être un obstacle à la guérison. Il prétendait pouvoir guérir définitivement des maladies mentales.

Johann Wolfgang von Goethe  (1749-1832)

Ce célèbre penseur poète allemand pense que conscient et inconscient sont inséparables, et qu’ils ne sont que des noms désignant des aspects complémentaires d’un seul phénomène. Il précisait ainsi que sa propre imagination opérait involontairement et contre sa propre volonté (entendre par là sa volonté consciente). Goethe avait donc pressenti une sorte de seconde nature de l’esprit humain en dehors du champ de la conscience : "Tout ce que nous appelons invention ou découverte au sens le plus élevé du terme est la pratique et le plein exercice d'une sensibilité primitive à la vérité qui, après une longue évolution silencieuse, conduit de manière inattendue et avec la rapidité de l'éclair à une trouvaille féconde. C'est une révélation dont le mouvement va de l'intérieur vers l'extérieur, et qui donne à l'homme une intuition de sa ressemblance avec Dieu. C'est une synthèse du monde et de l'esprit qui donne une bienheureuse assurance de l'éternelle harmonie de l'existence.".En parlant de trouvaille féconde se faisant à la rapidité de l’éclair, nous pouvons penser à Archimède ce savant de la Grèce antique, et de son fameux "Eureka" (j’ai trouvé) qu’il aurait lancé au moment ou il entrait dans sa baignoire (poussée d’archimède : "Tout corps plongé dans un fluide reçoit de la part de ce fluide une force (poussée) verticale, vers le haut dont l'intensité est égale au poids du volume de fluide déplacé" …C'est-à-dire que cet homme de science, érudit, connaissant ses formules mathématiques sur le bout des doigts, a trouvé la solution au moment ou il……LACHE PRISE.

J.P. Richter (1763-1825)

Ce romancier allemand évoque l’inconscient comme une découverte de Terra incognita : "L'inconscient est véritablement le domaine le plus étendu de notre esprit, et précisément en raison de cette inconscience, notre Afrique profonde dont les frontières inconnues de nous s'étendent peut-être à l'infini….. N'y aurait-il pas une face cachée de la lune de notre esprit qui ne se tourne jamais vers la lumière de la conscience ?". Richter est Le premier a utilisé la métaphore du continent à découvrir, et même de la face caché de la lune. Il a posé les jalons de façon intuitive de ce que seront les premiers explorateurs de ce continent……les Hypnonautes.

Arthur Schopenhauer (19°)

Philosophe  allemand, il soutient qu’il existe une "volonté" inconsciente omniprésente dans la nature et l’homme : "Pour comprendre plus aisément cet exposé de la naissance de la folie, rappelons-nous avec quelle répugnance nous pensons aux choses qui blessent fortement nos intérêts, notre orgueil et nos désirs ; ….avec quelle facilité…nous nous en écartons brusquement ou nous nous en détachons furtivement sans en avoir conscience…C'est dans cette répugnance de la volonté à laisser arriver ce qui lui est contraire à la lumière de l'intellect qu'est la brèche par laquelle la folie peut faire irruption dans l'esprit…"

Carl Gustav Carus (19°)

Médecin allemand, ami de Goethe, son approche d’homme de science en fait un précurseur des principes inconscients qui seront repris pas Freud  : "La clef de la compréhension de l'essence de la vie réside dans le royaume de l'Inconscient……Ce désir (sexuel) qui, à l'origine , est nécessairement inconscient, est important en ce qu'il pénètre avec une force égale la conscience et l'inconscient, chaque fois qu'il est excité…... l'inconscient n'est que le terme subjectif pour ce que nous désignons objectivement comme nature".

Karl Robert Eduard Von Hartmann (19°)

Philosophe  allemand, auteur d’un chef d’œuvre littéraire qui harmonise les doctrines de Schopenhauer, de Hegel, et de Von Schelling : " …Nous devons reconnaître une extra-lucidité à l'inconscient, dans l'intentionnalité de l'élan créateur comme dans celle de l'instinct…"

Friedrich Nietzsche (19°)

Est il besoin de présenter ce poète philosophe allemand ? OUI ! Nous entrons de plus en plus dans le vif du sujet avec des concepts de plus en plus poussés. Il a toujours eu l’intuition que l’esprit conscient était l’instrument de l’énergie vitale inconsciente. Il a inventé le terme psychanalytique  "ça", repris par Freud : "La conscience est la dernière évolution, et la plus tardive, de l'organique ; elle est par suite la plus inachevée et la moins efficace de ces différentes évolutions"."Tout élargissement du savoir se fait en rendant conscient l'inconscient"."La conscience n'atteint que la surface ; la grande activité fondamentale est inconsciente"."Tous nos motifs conscients sont des phénomènes superficiels : derrière eux se trouve le conflit de nos instincts et de nos humeurs".

Si cette liste n’est pas exhaustive, nous pouvons néanmoins affirmer que ces découvreurs sont à l’origine de la psychanalyse et ont fortement influencé Janet, Breuer, Freud, Jung, etc.
Les neurosciences permettent désormais de dépasser le clivage des croyances et d’apporter des éléments scientifiques irréfutables et nécessaires à une compréhension poussée de tous ces mécanismes. La science s’attache depuis peu à établir la carte et la notice technique de ce que nous avons entre nos 2 oreilles……notre cerveau. Une actualité prochaine sera dédiée à ces découvertes.

Sources ayant inspiré cet article :

• http://decouvreurs.blogspot.fr/